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dezembro 10, 2004

il y avait d'autres comme moi - alucinação #01/1204

j’étais un ange. la raison de l’être, je ne la connais pas. tout ce qui m’avait été dit c’était que tous les anges avaient une mission, rien plus. j’étais vêtu de blanc mais beaucoup d’autres avaient cette même absence de couleur sur leurs vestes.
enfant, on m’avait dit que les anges avaient des ailes. on ne me mentait pas. enfant, je voulais avoir des ailes, mais, maintenant, je trouvais qu’elles me dérangeaient, car elles m’obligeaient à voler plus lentement, comme si je ne voulais point faire cette tâche.
la mission dont j’ai parlée, nous l’avons faite un jour particulièrement étrange. c’était un jour qui se glissait parmi les feuilles de douleur épandues par des larmes grosses et tristes, crues et nues, que mon cœur laissait échapper. un subterfuge tout subtil, tout fragile, fort secret.
je me suis levé assez tôt ce matin-là, grâce à un tapage humain. quand j’ai regardé parmi les nuages, j’ai vu là-bas, sur la terre, un tas de gens au visage maussade. ils poussaient des cris angoissants et moi, tout ce que je voulais, c’était de les faire taire le plus rapidement possible.
pourquoi crier ? pourquoi cet hurlement ?
le ciel me semblait crevé, puisqu’il jouait aux couleurs morbides qui évoquaient ou prévoyaient des scènes effrayantes.
nous nous sommes réunis dans une grande salle construite avec des nuages. quelques enfants les avaient peints aux couleurs les plus incroyables que vous pouvez imaginer, mais nous restions en silence, lorsque nos supérieurs, les archanges, nous disaient quoi faire.
l’archange qui commanderait le groupe où j’appartenais et qui descendrait sur la terre, s’était habillé de bleu, comme s’il voulait y combattre et tuer sans être aperçu par les mortels. et bien, il l’a fait !
il se jetait sur les hommes et il les blessait, les coups se succédant les uns aux autres, avec une intrépidité qui me faisaient frissonner et qui m’impressionnait autant. les hommes gueulaient encore. je me trouvais, soudainement, parmi eux, n’ayant aucune idée de quoi faire. la peur s’installait sous ma peau et dans mes veines une énergie rayonnante dansait avec le sang. mon épée, elle aussi, frappait des chairs déjà ensanglantées, des chairs paradoxalement faibles et lourdes. j’ai regardé derrière moi et j’ai vu d’autres anges qui venaient encore pour le combat et qui tuaient des hommes qui ne nous avaient rien fait.
c’était dieu qui avait ordonné ce génocide qu’il appelait tout simplement punition. et nous, les anges, son élite de mercenaires, nous étions des jouets pour lui, comme les hommes même… ou pire, car les hommes le défiaient, l’affrontaient, se rebellaient, tandis que nous lui obéissions.
je voyais ces hommes-là et je les tuais, sans y penser plus d’un instant. tant d’hommes venaient contre moi, tant d’hommes que mon épée coupait : fleuves de sang jaillissaient de tous les corps devant mes yeux innocents.
j’ai même voulu qu’un peintre, n’importe lequel, jetât l’œil sur cette scène qui n’avait rien de théâtral. j’imagine qu’il la peindrait avec des êtres dont la forme ne serait pas la plus plaisante ni la moins bizarre.
nous étions les mêmes de tous les jours. néanmoins, une haine absurde nous avait pris avec une force immense, ayant un pouvoir presque hypnotique sur nos gestes, sur nos mains, sur nos armes. elle nous avait prêté des masques infâmes.
je ne peux pas effacer ces images-là de ma mémoire. c’est pourquoi je vous raconte cette mission qui a fini avec nous tous, nous, les anges.
les visages. c’est de leurs visages dont je me souviens mieux. des visages où je lisais l’horreur, la peur, l’étonnement provoqué par notre présence. oui, n’oubliez pas qui on était : des anges, des êtres inhumains, surnaturels, sacrés, consacrés, des créatures célestes. on était des êtres avec lesquels tous les humains avaient rêvé, imaginé ou peut-être eu des cauchemars. oui, on avait sorte de leurs pensées. c’était cela qui les troublait le plus. dieu savait tout cela. il savait tout ce qu’ils pensaient, sentaient ou cachaient.
on se battait sans plus savoir qui était l’ennemi. ou peut-être, j’étais le seul à y penser. le combat a duré quelques heures. à la fin, on ne savait pas dire ni qui avait été vaincu ni qui avait vaincu.
moi, je me sentais perdu, pas vaincu. perdu dès le premier moment de lutte. perdu dès les premières pensées. perdu dès la prise de conscience de la vanité de ce combat-là.
le jour est arrivé à la fin, néanmoins mes fautes, ma souffrance, mon blâme étaient là, présents, intenses, attendant le but, le coup final. je suis resté là-bas encore quelques instants. jusqu’au moment où je me suis aperçu que j’étais vivant. plus important qu’être vivant, j’étais le seul qui vivait encore.
cela m’a ému.
les paroles fuyaient de ma gorge, avec le souffle, vers le fond de mes poumons et de l’eau, des petites gouttes d’eau, glissaient gracieusement sur ma face, si lentes que je les croyais presque endormies.
une angoisse délirante et inexorable ma rend fou, d’une folie absurde, absolue, tout entièrement mienne. je la dis une bêtise mentale, qui prend refuge dans un petit espace vide de tout ce qui vit, y restant silencieuse, y restant comme si elle était inexpugnable, comme si une folie intarissable pouvait se laisser abattre ou séduire comme un mur, comme une voie, comme une vierge.
je suis évidemment retourné au ciel. j’avais l’intention de lui dire que je ne voulais pas rester ange, que je voulais mourir complètement et définitivement, que je le haïssais, que les humains méritaient vivre. mais je n’ai pas eu ni l’opportunité ni le besoin de le faire. il sait tout, dieu, il m’a laissé mourir.
j’ai eu droit à quelques anges plus jeunes comme compagnie pendant le parcours fait jusqu’au paradis. là, il faisait beau : des arbres éternellement verdoyants, des fleurs avec lesquelles on songe pendant l’enfance, du soleil qui brille comme s’il n’existait que pour nous inspirer, et, le plus important, ni humain ni dieu pourrait y entrer.
mais cela n’explique pas le fait d’être ici, vous parlant comme si j’étais vivant et non mort, comme je suis. vous ne croirez pas, mais celui qui vous a tout raconté jusqu’ici, ce n’est pas moi, mais ma conscience.
vous vous souvenez de ces images-là dont j’ai dit qu’elles restaient dans ma mémoire? bien, ce sont elles qui vous parlent, qui vous demandent pardon, qui vous gênent comme des démons.
et vous savez, un démon n’est plus ni moins qu’un ange, mais un ange révolté contre dieu et rejeté par lui. j’ai connu des anges révoltés qu’un autre ange m’avait dit être fameux parmi les humains. vous le savez mieux que moi s’il est vrai. mes paroles sortent, maintenant, de mes lèvres sans qu’un dieu quelconque me fasse taire, et elles volent si légères que je sais qu’elles seront écoutées.
moi, je ne veux pas être fameux ni connu, mais plutôt évoqué, de temps en temps, comme l’un des anges qui a tué des hommes parce que dieu le lui avait ordonné dans un état de pure rage. pour quoi il le fait? vous me demandez une raison? dieu n’a pas besoin d’avoir des raisons, mais il les a.
vous le faites rager, vous savez? votre ignorance le fait ranger. mais votre inconscience le fait sourire.